Après un début d'année marqué par l'optimisme des marchés financiers suite à l'anticipation de politiques monétaires accommodantes, le mois d'avril a été le théâtre d'une correction notable. Cette correction s'est manifestée par des baisses significatives sur les principaux indices boursiers, tant en Europe qu'aux États-Unis, mettant ainsi fin au rallye boursier entamé en novembre 2023. Cette évolution découle de divers facteurs, notamment la réalité des données économiques, les tensions géopolitiques au Moyen-Orient et les préoccupations croissantes concernant l'inflation, notamment aux États-Unis. Dans cet article, nous examinons l'impact de ces éléments sur les marchés financiers mondiaux et proposons des perspectives sur les différentes classes d'actifs à considérer dans ce contexte.
Avril 2024, un tournant sur le marché
L’anticipation de politiques monétaires accommodantes avait généré une certaine euphorie sur les marchés depuis la fin d’année 2023.
La réalité des données économiques, notamment celles qui concernent l’inflation, laisse présager une baisse des taux directeurs de façon plus tardive et progressive.
Le contexte géopolitique continue de se dégrader avec une hausse des tensions au Moyen Orient entraînant possiblement de fortes répercussions sur les économies européenne et américaine notamment via le prix des matières premières.
Nous constatons, pour ces raisons, une correction sur les principaux indices depuis le point haut atteint fin mars.
Impact sur les marchés financiers
Le rallye boursier qui a débuté au cours du mois de novembre 2023, porté par la perspective de baisse de taux rapide et massive des banques centrales, avec des hausses parfois supérieures à 10% sur l’immense majorité des marchés, s'est arrêté brusquement au mois d'avril.
En effet les principaux indices affichent des pertes d’environ 2% en Europe et plus de 5% aux Etats- Unis.
L’indice MSCI World dévisse de plus de 5% sur la période.
Dans le détail en Europe l’indice de référence Eurostoxx 50 et le CAC40 affichent une perte d’environ 2.50% environ sur le mois.
Aux Etats-Unis la baisse est plus marquée avec le Nasdaq qui s’effrite de plus de 5% et un S&P 500 de plus de 4%.
L’indice phare Japonais baisse de plus de 8% après une hausse spectaculaire depuis le début de l’année.
Le point macroéconomique
En zone euro
Les récentes statistiques publiées ne modifient pas significativement les projections de croissance des principaux pays de la zone pour l’exercice 2024.
Le secteur des services continue d’afficher une relative bonne santé et nous assistons à des premiers signes d’amélioration dans le secteur manufacturier, ce qui éloigne de fait le scénario d’une récession généralisée de la zone.
En Allemagne, pays le plus touché en Europe par les conséquences de la guerre Russo-Ukrainienne, le premier trimestre affiche un niveau d’activité assez faible mais le point bas semble avoir été atteint.
En effet, les plus récents indicateurs économiques montrent des signes de reprise. Par exemple, le climat des affaires progresse et la production industrielle augmente depuis maintenant le mois de février.
La reprise de l’activité en Allemagne constitue une bonne nouvelle pour la zone Euro. Cependant il est encore trop tôt pour modifier les prévisions de croissance à court terme. Le consensus table toujours sur une progression limitée du PIB en 2024 (+0.6%) avant une reprise plus marquée en 2025 (+1.6%)
Concernant les taux directeurs, la BCE bénéficie de plus de marge de manœuvre que la FED compte tenu d’un niveau d’inflation plus bas (+2,40% en mars). Il faudra veiller toutefois au risque inflationniste porté par les matières premières. Les anticipations font état d’une baisse comprise entre 75 points de base et 100 points de base en 2024.
Aux États-Unis
Après des ajustements à la hausse des perspectives de la croissance américaine, nous observons plus récemment des interrogations sur le futur comportement des consommateurs américains qui sont toujours le moteur principal de la croissance Américaine.
En cause, la remontée des prix du pétrole couplée à la quasi disparition des excédents d’épargne liés aux périodes de confinement.
Le marché de l’emploi demeure pour l’instant toujours dynamique (+300 000 postes de travail en mars- taux de chômage à 3.8% aux plus bas historiques).
Mais la principale problématique américaine concerne essentiellement l’évolution de l’inflation à court terme, et ses répercussions sur la politique monétaire de la Fed.
En effet, depuis le début de l’année, les prix de détail ne baissent plus et restent sur des niveaux notablement supérieurs aux normes historiques.
C’est notamment le cas en mars, avec une progression de l’inflation de 3,5% en glissement annuel, soit +0,3 point de plus que le mois précédent. La tendance reste également problématique concernant l’inflation sous-jacente, c’est-à-dire ajustée des prix alimentaires et de l’énergie, avec une hausse de 3,8% sur les douze derniers mois.
Les prix liés à l’immobilier, aux services et à l'essence perturbent la normalisation de l’inflation.
Compte tenu de ce contexte, la FED devrait retarder une nouvelle fois sa première baisse des taux directeurs. Selon les spécialistes, celle-ci aurait déjà dû se produire en mars, avant d’être repoussée une première fois en juin.
Un premier assouplissement est attendu au mieux en septembre, suivi d’une seconde baisse éventuelle avant la fin de l’année. Ce décalage est susceptible de peser sur le momentum positif de l’activité américaine, en maintenant les taux de crédit sur des niveaux élevés, limitant ainsi les initiatives d’investissements, et mettant en difficulté les acteurs les plus endettés, qu’ils soient publics ou privés.
En Chine
En Chine, cette problématique liée à l’inflation est très différente: c’est plutôt le risque de déflation qui pourrait continuer à handicaper l’activité du pays.
L’évolution des prix de détail sur douze mois peine à rester positive (+0,1%) en mars dernier.
Cette situation confirme donc les difficultés de la Chine à redresser durablement son activité, et à redonner confiance aux ménages pour que ceux-ci consomment davantage. Ils restent prudents devant la dégradation continue du secteur immobilier ainsi que les pressions politiques exercées sur le secteur privé dans le cadre d'une politique globale favorisant le capitalisme d'État.
Du côté des entreprises, les indices PMI repassent au-dessus de la barre des points (zone expansionniste) validant une légère amélioration.
Notre vision
Sur les marchés actions, nous continuons de privilégier les actions US avec un focus sur les secteurs des Technologies (porté par les perspectives de croissance liée à l’IA), de la Santé et des Energies vertes.
Ce dernier devrait profiter de la perspective de la baisse des taux sur un secteur qui a fortement reculé sur les deux dernières années.
Nous amorçons une surpondération sur les valeurs de la zone euro du fait de la perspective de la baisse des taux plus rapide et de valorisation plus faible par rapport aux Etats Unis.
Nous sommes toujours positifs sur le Japon (avec couverture du risque du change) malgré une baisse marquée sur le mois. Le marché Japonais reste peu cher en valeur historique, les entreprises japonaises affichent des perspectives de résultats intéressantes et les rations de trésorerie sont au plus haut (capacité d’investissement - programme de rachat d’action).
Nous restons neutres sur les émergents qui continuent d’être pénalisés par la Chine et la hausse du dollar.
Sur les marchés obligataires, nous conservons nos convictions sur le crédit IG Euro et US, sur des durations maximum de 5 ans. Les tensions récentes sur les taux permettent d’allonger légèrement la duration des allocations.
Les produits structurés avec barrière de protection importante (-50% ou plus) continuent de présenter un intérêt pour limiter le risque des portefeuilles.
Enfin, les fonds monétaires conservent un intérêt sur des placements court terme.
Indices au 26/04/2024
source:
https://www.boursorama.com/bourse/indices/internationaux