Les marchés intègrent les événements politiques récents et maintiennent leurs prévisions économiques inchangées mais des différences géographiques et sectorielles se produisent.
Les marchés intègrent les événements politiques récents et maintiennent leurs prévisions économiques inchangées mais des différences géographiques et sectorielles se produisent. Malgré les mouvements le FMI maintient ses expectatives de croissance mondiale à 3,2%.
Aux États-Unis, les marchés initient une rotation de la tech vers les petites et moyennes capitalisations. Malgré un contexte politique des plus incertains, le scénario de soft landing semble se confirmer.
En Europe, les bouleversements politiques récents continuent à se sentir sur les indices, cette incertitude semble être le moteur de la volatilité en plus d’une inflation qui montre encore de la résistance.
En Chine, face à une croissance décevante, le gouvernement dévoile progressivement son nouveau plan pour stimuler l'économie et se préparer pour une guerre commerciale de plus en plus contraignante.
Reflet des incertitudes mondiales, l’or poursuit ses évolutions sur des valorisations historiques (+17,4% depuis le 1er janvier).
Impact sur les marchés financiers
Nous remarquons sur ces derniers jours des mouvements entre indices sectoriels ainsi qu’une divergence des tendances parmi les pays susceptibles à la réalité politique.
En Europe, l’indice de référence l’EUROSTOXX 50 affiche une légère baisse de -0,75% sur le mois, un mois agité, avec une forte volatilité constatant des écarts pouvant aller jusqu’à 4%. Cette même tendance se réplique sur le CAC 40, qui comptabilise encore la dissolution de l’assemblée et l’incertitude politique.
Aux États-Unis, une tendance de rotation s’installe, le NASDAQ 100 et le S&P 500, se contractent de -5,13% et -0,70% sur la période, illustrant un possible arbitrage vers l’indice des petites capitalisations RUSSEL 2000 qui gagne +10,5% depuis le début de mois.
L’indice MSCI Emerging market connaît lui aussi une régression -1%, partiellement expliquée par la Chine et le HANG SENG qui perd -2,4% tandis que l’Inde maintient sa tendance positive et le NITFY 50 gagne +3,4%.
L’or à son tour progresse de +2,95%.
Le point macroéconomique
En Zone Euro :
D’un point de vue global, si nous écartons le choc français, l’EURSTOXXX 50 rencontre une légère stagnation depuis ces dernières semaines. Cela s’explique par la dépendance moins importante à la tech, et une exposition accrue au secteur financier ainsi qu’à l'industrie manufacturière, qui digèrent encore le cadre économique restrictif. L’inflation de la zone euro est à 2,5% sur ce mois, en léger recul qui permet de conserver les prévisions optimistes de baisses de taux.
Si nous nous concentrons sur la France, la méfiance politique se ressent encore, l’écart de l’OAT 10 ans avec le BUND 10 ans se maintient à des niveaux élevés à plus de 80 points de base. En effet, le résultat des élections étant plutôt neutre, aucun des extrêmes l’emporte et une assemblée divisée s’installe. En d’autres mots, la situation peut être considérée comme bloquée, et le gouvernement pourrait être incapable de mettre en place des réformes importantes.
La situation de la France continue à être inquiétante comparée à ses voisins, à titre d’exemple le déficit courant du pays est de 28 Milliards d’euros, alors que des pays tels que l’Espagne, l'Italie ou L'allemagne sont en surplus. De plus, la fin du bouclier des prêts garantis par l”État commence à se traduire par une accélération des faillites d’entreprises (+18% sur le premier trimestre), soit 33 500 faillites.
L'Allemagne quant à elle, semble montrer des améliorations, par la progression de la consommation interne et la bonne maîtrise de sa dette( 60% du PIB contre 110% en France) permettant ainsi une meilleure relance. Le Royaume-Uni accueille avec enthousiasme le nouveau gouvernement avec des perspectives positives, une inflation qui diminue, une baisse des taux d'intérêts, et un marché d’emploi qui se remet. Les analystes prennent cependant cette euphorie avec prudence, soulignant que le plan de K. Starmer pourrait-être trop ambitieux.
Aux Etats-Unis :
Sur le continent américain, la croissance économique reste stable à 2,8%, surpassant les attentes de 2,1%, grâce en particulier à la progression des dépenses des ménages. Une tendance qui rend le Soft Landing de l’inflation, si recherché par la FED, de plus en plus probable. Cependant, il reste trop tôt pour parler d’une victoire. Des signes contradictoires apparaissent et peuvent souligner des vulnérabilités économiques pour la suite, à l'image du taux de chômage qui augmente, d’un marché immobilier tendu et d’une faible augmentation de salaires ajustés à l'inflation.
Il faut évidemment mentionner les événements politiques des dernières semaines et leurs impacts possibles sur l’environnement économique futur. La tentative d’assasinat sur l’ex-président D.Trump renforce son acceptation publique, mais le retrait de J.Biden au profit la vice-présidente K.Harris et semble aussi renforcer le parti démocrate. Si le programme démocrate s’inscrit dans la continuité, celui du mouvement trumpiste, qui se base sur la déréglementation et la réduction d'impôts avec un focus sur l’ “america first”, pourrait changer la donne. Il semble à première vue être bénéfique pour les actions nationales, mais son caractère inflationniste irait à l’encontre des objectifs de la FED et pourrait provoquer de nouvelles instabilités.
Les indices illustrent avec justesse cette situation. Les GAFAM ont présenté des résultats non conformes aux attentes, et un environnement de baisse des taux d'intérêts n’est généralement pas bénéfique pour eux, ce qui entraîne des corrections. Au contraire, l’activité de M&A se relance, ce qui représentent des opportunités pour les petites et moyennes capitalisations, en plus d’un environnement plus accommodant. Cela expliquerait en partie un mouvement de migration initié de la tech vers certaines petites capitalisations.
Les BRICS+ :
La crise du secteur immobilier chinois continue de mettre sous pression l’économie du pays, et pour l’heure, malgré un interventionnisme répété de l'État, la situation reste préoccupante. Les indicateurs de croissance se maintiennent en baisse à l’instar des indices manufacturiers (PMI) dans le rouge pour le troisième mois consécutif. Peut être est il trop tôt pour constater les premières retombées du troisième Plénum du PCC? Un évènement important, marqué par une volonté de définir l’orientation économique du pays sur les 5 prochaines années, mais générant en définitive peu de nouvelles à l’exception d’une nouvelle intervention de la BPC. La banque centrale est intervenue à nouveau pour donner de l’air aux marchés en abaissant de 10 points de base ses taux à 1 an et 3 ans pour atteindre respectivement 3,35% et 3,45%. Une nouvelle accueillie d’une façon au moins temporairement positive par les marchés.
La Chine est aujourd’hui dans une position difficile devant faire face simultanément à une situation économique interne trouble et à des tensions commerciales internationales de plus en plus fortes.
Ces troubles semblent continuer de faire le bonheur de l’économie indienne, qui maintient un niveau de croissance bien au-delà des prévisions initiales de 7% et prend de plus en plus de parts sur le marché international avec une capitalisation boursière qui s’approche à présent des 5.000 milliards de dollars.
Le Japon :
Les marchés financiers japonais maintiennent leur progression avec une croissance de plus de 15% depuis le début de l’année pour le Nikkei 225, reflétant la confiance des investisseurs. Pour autant l’économie japonaise semble connaître une nouvelle période de ralentissement, le gouvernement revoyant à la baisse ses estimations de croissance, conséquence de la faiblesse du Yen (au plus bas depuis 1986) et de l’augmentation des prix des importations.
Indices : au 30/07/2024