La mesure d'impact permet aux investisseurs de prendre des décisions plus éclairées, en tenant compte non seulement de la performance financière mais aussi de l'impact généré. Mais c'est un sujet qui pose des difficultés et source de controverses.
“Que la stratégie soit belle est un fait, mais n'oubliez pas de regarder le résultat”.
Rarement cet appel à la lucidité ne prend autant de sens que dans l’investissement à impact, cette pratique de plus en plus populaire qui vise à conjuguer performance financière et impact environnemental ou social.
Dans l’investissement à impact, trois caractéristiques essentielles sont indissociables :
- Expliciter l’objectif d’investissement social et environnemental,
- Cibler les secteurs d’impact et agir en fonction des objectifs,
- Mesurer et évaluer l’impact généré grâce à l’investissement.
C’est ce dernier pilier, la mesure, qui pose le plus de difficultés et de controverses. Nous explorons dans cet article les solutions possibles.
Etat des lieux : le défi de la mesure d'impact
Pour les investisseurs
Pour les investisseurs, l’enjeu est de distinguer les actifs qui génèrent des dommages environnementaux ou sociaux, de ceux qui contribuent activement à une économie plus durable, vertueuse, voire régénératrice.
Cette mission, bien que louable, n'est pas sans embûche. D'autant plus que l'exposition à l’investissement direct en private equity, dont l’impact positif est plus tangible que les investissements cotés, augmente considérablement le niveau de risque. Un véritable casse-tête en perspective.
Pour les entrepreneurs
Pour les entrepreneurs dont les entreprises constituent les sous-jacents des portefeuilles des investisseurs, la tâche est encore plus ardue.
Mesurer l'impact et publier la performance de leur entreprise est un travail de titan. En effet, aucun standard ni consensus n'existe en la matière, la collecte d'information est chronophage et il n'est pas certain que cette démarche apporte de la valeur à l'entreprise. De plus, l'entreprise s'expose à des controverses, ce qui peut décourager même les plus enthousiastes.
Au niveau institutionnel
De nombreuses évolutions réglementaires sont en marche (dont la SFDR et sa fameuse classification des fonds d’investissement en articles 6, 8, 9 qui a fait couler beaucoup d’encre fin 2022…. cherchez “finance verte greenwashing” sur votre moteur de recherche préféré pour vous rendre compte de la complexité de sa mise en œuvre).
Enfin, les labels et notations ESG se multiplient sans consensus concret et actionnable pour l’investisseur privé. “Notation ESG, une boussole sans direction”, le titre de cet article de la Harvard Law School résume bien le défi.
Cependant, il existe des pistes de solutions, que nous proposons ici pour les investisseurs privés souhaitant se prêter à l'exercice.
Quelques clés pour mesurer l'impact des investissements
Pour les entreprises en portefeuille
Dans ce premier cas, il est crucial d'aider les entrepreneurs à choisir des indicateurs d'impact très proches de leur cœur d'activité.
Pour illustrer cela, prenons l'exemple d'une entreprise qui propose des solutions d’économie circulaire : aussi bien le volume de matières qu’elle recycle, que la valeur qu’elle dégage à la sortie avec un “upcycling” de ses produits constitue une mesure directement liée à son activité économique :
- Elle pourrait utiliser IRIS+ du GIIN pour mesurer ces quantités. Il est également recommandé de limiter le nombre d'indicateurs, de 2 à 5 maximum par entreprise.
- En outre, les indicateurs d'impact négatifs ou externalités doivent être pris en compte. Ça serait trop facile de ne regarder que le positif…
- La collecte d'information doit être faite de manière très granulaire, ce qui permettra de la consolider de manière cohérente avec une méthodologie qui pourrait émerger comme dominante à l'avenir.
- Enfin, ces données doivent être auditables à l’avenir, idéalement de manière publique, démarche plus inclusive que de confier cet audit à une poignée d’acteurs.
Pour l’investisseur exposé à plusieurs classes d’actifs
A ce niveau, une méthodologie simple, même si arbitraire, peut être retenue.
Celle-ci doit permettre d'agréger les différentes lignes en tenant compte de leur performance respective, souvent dépendante de la classe d’actifs auxquelles elles appartiennent.
Ces informations extra-financières doivent être restituées au même niveau que la performance financière, car elles sont tout aussi importantes.
Enfin, tous ces éléments doivent être proposés de manière engageante, facile à partager et comparer. Cela permettra aux investisseurs de suivre l'impact de leur portefeuille dans le temps et de s’engager dans une démarche de progrès.
La mise en œuvre opérationnelle n’est pas triviale. On dévoile ici quelques clés que l’on utilise chez Kimpa.
L’approche KIMPA
Pour répondre à ces enjeux, nous avons aussi décidé chez Kimpa de ne pas réinventer la roue !
Objectifs de développement durable de l’ONU, framework d'Impact Frontiers, indicateurs IRIS+... Nous utilisons les méthodes de mesure d'impact les plus reconnues pour mesurer la contribution d’une entreprise ou d’un actif.
Il s'agit soit de conventions publiques, soit d’initiatives privées. Dans les deux cas, ces acteurs se sont imposés comme référents sur chacune des classes d'actifs qu’ils visent. Nous nous appuyons sur leurs recherches et sur les données mises à disposition, gratuitement ou sur abonnement selon les fournisseurs.
A l’échelle d’un investissement, nous prenons en compte les indicateurs clés pertinents qui peuvent être quantifiés pour créer une méthodologie de notation de 0 à 100, pour chaque catégorie d'actifs.
La contribution de l’investisseur est également prise en compte : un actionnaire qui apporte son expertise, son engagement, soutenant l’entreprise aura un score plus élevé qu’un minoritaire passif.
Selon la classe d’actifs, nous pondérons le score de 0 à 100 par la contribution réelle selon les 3 piliers de l'investissement d'impact : intentionnalité, additionnalité et mesurabilité. Enfin, nous faisons une moyenne pondérée des scores d'impact du portefeuille et de la part financière qu'ils représentent.
Tout cela est consolidé dans une plateforme digitale que nous avons développée, le Portefeuille Augmenté (™), qui permet de centraliser la mesure financière et extra-financière du patrimoine de chaque investisseur et de prendre des décisions en intégrant le facteur impact.
Pour conclure
Cette démarche est nécessaire pour orienter les capitaux vers un modèle plus durable. Elle permettra aux investisseurs de prendre des décisions plus éclairées, en tenant compte non seulement de la performance financière mais aussi de l'impact généré.
Bien que la mesure de l'impact soit complexe, elle offre aussi de nombreuses opportunités. Aussi bien pour les investisseurs que pour les entreprises, elle permet de se différencier de leurs concurrents, d'attirer des talents et des clients soucieux de l'impact, et d'innover pour créer de nouvelles solutions à des problèmes sociaux et environnementaux.
Vous voulez en savoir plus sur notre méthodologie de mesure d'impact ? Nous la partageons en open source dans ce livre blanc : téléchargez-le.