L’impact investing intègre une troisième dimension au couple financier traditionnel “risque-rendement”. Il rassemble les investissements réalisés dans l’intention de générer un impact social et environnemental positif et mesurable, ainsi qu’un rendement financier. C’est avant tout une nouvelle manière d’investir, une opportunité d’exploiter le pouvoir du capital tout en contribuant à l’amélioration de notre environnement et de notre société. Embarquez avec nous dans la série “Devenir investisseur à impact” pour tout comprendre sur l’impact investing.
Après 8 articles vous présentant les principaux sujets pour devenir un investisseur à impact, il est maintenant temps de les mettre en pratique et d’être un investisseur à impact. Découvrez ou redécouvrez les thèmes abordés lors de cette série dans cet article de synthèse, de la définition de l’impact investing aux cadres de référence existant pour mesurer l’impact.
Impact investing : qu'est-ce que c'est ?
L’impact investing (investissement à impact en français) rassemble “les investissements réalisés dans l’intention de générer un impact social et environnemental positif et mesurable, ainsi qu’un rendement financier ” (GIIN). En d’autres mots, devenir investisseur à impact demande de concilier une valorisation de capital et un effet social et environnemental positif.
L’impact investing est donc une méthode d’investissement qui s’inscrit dans le spectre du capital comme étant l’étape la plus aboutie de la finance durable et le lien parfait entre finance traditionnelle et philanthropie. En effet, à gauche du spectre on retrouve les investissements traditionnels, dont l’objectif est d’atteindre un rendement financier maximal tout en minimisant le risque adjacent, sans prendre en compte les externalités négatives potentielles. A l’autre extrémité, la philanthropie vise à promouvoir le bien être d’autrui par le biais de dons à diverses causes, sans se préoccuper du rendement financier.
Dans la finance durable, on identifie 3 principales étapes :
- Le filtrage négatif permet de limiter les dégâts et d’éviter de faire du mal, sans pour autant agir en faveur des causes. Cette méthode élimine les secteurs qui sont contraires aux valeurs de l’investisseurs. Généralement, ces secteurs sont ceux de l’armement, de la drogue, du tabac, de l’alcool, de la pornographie ou encore du jeu
- L’intégration de critères Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance, consiste à mesurer la santé des opérations d'une entreprise avec des indicateurs non-financiers. La prise en compte de ces critères suit le raisonnement suivant : la performance extra- financière est corrélée avec la performance financière. Si une entreprise a des pratiques laissant à désirer, son rendement risque de faiblir dans le futur car elle ne se sera pas préparée à être une entreprise responsable.
- L’impact investing, quant à lui, permet d’investir dans des actifs qui ont une réelle contribution aux enjeux planétaires tels que l’inégalité, la pauvreté, la crise climatique, la pollution dûe à la surconsommation et bien d’autres problèmes. L'entreprenariat, ou la création de startups qui innovent dans un secteur particulier, proposent des solutions qui allient rendement et impact mesurable.
Découvrez l'interview de Brune Ribadeau-Dumas, notre Head of Private equity, qui parle de ce qu'est l'investissement à impact dans l'émission Tout pour investir sur BFM Business :
Les principales parties prenantes de l'impact investing
Comme tout secteur d’activité, l’impact investing est une chaîne de valeur composée de plusieurs acteurs, regroupés dans 4 catégories par les analyste de la Fondation Rockefeller dans le livre blanc “Impact Investing Handbook” .
- Les propriétaires d’actifs financiers : sont des investisseurs particuliers, des fonds d'investissement institutionnels ou privés, des fonds souverains, ainsi que des entreprises. Ils prennent les décisions finales d’allocation tout au long de la chaîne du capital à impact grâce à leurs choix d’orienter leur capital en fonction de l’impact.
- Les intermédiaires, dont le rôle est de mener à bien l’investissement du propriétaire au bénéficiaire. Ils sont responsables de créer de la liquidité, de réduire le risque, et de fournir des mécanismes de paiement ; en somme, ils créent de la fluidité moyennant une contrepartie. On les distingue en deux typologies clés : les conseillers (advisors), qui fournissent des services aux propriétaires d’actifs quant à la manière de déployer leurs actifs en échange de frais et les gestionnaires d’actifs (asset managers) qui sont chargés de construire des produits financiers pour le compte de tiers pour répondre aux objectifs d’investissement spécifiques sous-jacents.
- Les entreprises sont les entités qui génèrent l’impact et le rendement financier via leur modèle économique. Par exemple, les entreprises dont nous vous parlions dans notre 8ème article, dédié à l'innovation pour l'impact.
- Les bénéficiaires. Ce dernier acteur est la raison même de l’existence de la chaîne d’impact: créer des externalités sociales et environnementales positives au travers du capital. Les entreprises permettent de créer un changement positif pour les consommateurs et les bénéficiaires, certains étant plus facilement identifiables que d’autres.
L'impact investing est-il trop risqué ?
C'est une question qui revient souvent : est-ce trop risqué d'investir son patrimoine dans l'impact ? La réponse est "non".
Evidemment, comme toute stratégie d'investissement, l'impact investing comporte des risques, mais qui sont très loin de la roulette russe. Investir dans l'impact est une stratégie d'investissement qui vise à avoir de la rentabilité en investissant dans des entreprises qui cherchent à trouver des solutions aux 17 Objectifs de développement durable de l'ONU.
Ce n'est pas investir dans un secteur unique sur lequel on miserait tout. On peut faire de l'investissement à impact dans plus d'une cinquantaine de secteurs : construction, fintech, transport et mobilité, agriculture, santé, software, eau, etc.
Investir dans l'impact, ce n'est pas non plus investir dans une classe d'actifs unique. Rien n'oblige un investisseur à impact à tout miser sur du VC ultra risqué. Il est possible de diversifier en investissant dans l'immobilier, dans les actifs réels, dans le VC, dans le PE, jusqu'à la banque qu'on décide de choisir pour y mettre son cash. Bref, investir dans l'impact est une vraie stratégie d'investissement qui s'aborde comme telle.
Créer sa thèse d'investissement à impact
“Il n’y a pas de bon vent pour celui qui ne sait où il va” disait Sénèque.
La thèse d'investissement est un concept clé dans le monde de la finance et de l'investissement. Il s'agit d'une stratégie globale et argumentée qui guide les décisions d'investissement. Elle définit les objectifs, les horizons temporels, les critères de sélection et les stratégies d'entrée et de sortie des investissements. Bien construite, elle permet à l'investisseur de rester discipliné et de prendre des décisions éclairées, en évitant les réactions impulsives aux fluctuations du marché.
Dans le contexte de l'impact investing, la thèse d'investissement prend une dimension supplémentaire. Elle repose sur l'idée que le capital peut être un puissant levier pour favoriser des changements positifs dans la société et dans l'environnement. En plus des considérations financières classiques, les investisseurs qui adoptent une approche d'investissement à impact cherchent également à générer un impact social ou environnemental positif, selon les problématiques qui leur tiennent à cœur, à travers leurs investissements.
Il y a tellement de sujets sociaux, sociétaux et environnementaux qui méritent d’être abordés qu’il peut parfois paraître impossible de ne pas se disperser et se perdre. Afin d’obtenir un impact tangible, il est indispensable de définir un ou quelques buts concrets. Les Objectifs de Développement Durables, développés par l’ONU en 2015, sont un excellent point de départ. Ils consistent de 17 objectifs visant à protéger notre planète tout en développant notre société et son économie. Tous ces thèmes sont profondément interconnectés et ont été sous-catégorisés avec des cibles mesurables et des indicateurs qui permettent leur suivi.
Comme nous avons déjà eu l'occasion de l'évoquer, ces ODDs peuvent servir de base pour créer sa théorie du changement et définir sa stratégie d’investissement.
Les différentes approches pour l'investissement à impact
Il existe deux approches différentes pour faire de l’impact investing.
- L’approche “carve out” consiste à utiliser une partie de son capital financier pour faire de l’investissement d’impact. C’est à dire qu’un pourcentage prédéterminé de son patrimoine est dédié aux investissements dans des fonds d’impact ou des entreprises sociales, sans chercher à atteindre des objectifs sociaux ou environnementaux dans le reste du portefeuille. Cette approche est intéressante pour les nouveaux investisseurs à impact, afin de s’instruire et de faire ses premiers investissements sans nécessairement avoir une stratégie de portefeuille complète. Cependant, en ne considérant qu’une partie du portefeuille, on assume la possibilité d’avoir un impact net négatif sur l’ensemble du patrimoine.
- L’approche portefeuille est une stratégie d’impact qui englobe l’ensemble du patrimoine ou des investissements présents dans le portefeuille. L’accent est mis sur l’impact net de l’ensemble du portefeuille, l’objectif étant bien sûr que celui-ci soit positif. Les points positifs incluent l’alignement de l’ensemble du portefeuille sur vos valeurs; et la probabilité d’avoir un impact plus important car tout le patrimoine est dédié à l’investissement d’impact, en respectant bien évidemment vos objectifs financiers, la diversification et votre aversion au risque. Adoptée par les investisseurs à impact expérimentés ou sophistiqués, cette approche requiert néanmoins plus de temps et il est parfois difficile de trouver des investissements à fort impact dans toutes les catégories d’actifs.
L’approche choisie par chaque investisseur dépendra de ses objectifs et sa situation patrimoniale, de son profil de risque, sa situation civile, fiscale et financière, ainsi que ses thèmes d’impact.
Découvrez l'interview de Brune Ribadeau-Dumas, notre Head of Private equity, qui parle de comment construire un portefeuille diversifié à impact dans l'émission Tout pour investir sur BFM Business :
Comment mesurer l'impact ?
Afin d’appréhender l’efficacité, l’efficience et le potentiel de mise à l’échelle de l’investissement d’impact, il est important d’en mesurer les retombées directes et indirectes. Mais la mesure d'impact est un sujet qui pose des difficultés et source de controverses, faut de consensus sur la méthode. C'est pourtant un aspect crucial d'une stratégie d'impact investing, afin de prendre des décisions plus éclairées, en tenant compte non seulement de la performance financière mais aussi de l'impact généré.
Pour cela, plusieurs méthodologies existent :
- La première grille de lecture, et celle la plus communément utilisée sont les 17 Objectifs de Développement Durable de l’ONU, qui sont détaillés en 169 cibles précises accompagnées de 231 indicateurs de suivi.
- L’Impact Management Project permet de classifier à la fois les entreprises et l’intention de l’investisseur, selon les 5 dimensions de l’impact que sont le Quoi, Qui, Combien, Contribution et Risques.
- Chez KIMPA, le Portefeuille Augmenté (™) donne une vue d’ensemble sur le portefeuille d’un point de vue financier et d’impact. C’est un outil de visualisation mais également d’aide à la prise de décision, qui permet aux investisseurs de maximiser leur impact tout en respectant leurs contraintes patrimoniales, fiscales et civiles.
Mesurer l’impact permet d’en avoir une définition claire et de rester fidèle à sa mission, de développer le marché et le rendre tangible, de gagner en transparence et d’engager les futures générations.
Créer son équipe pour devenir investisseur à impact
Dans un précédent article, nous vous expliquions les différentes possibilités qui existent pour créer son équipe de la manière la plus pertinente dans sa démarche d’impact. En effet, une multitude d’acteurs peuvent entrer en jeu. Le comptable, dont le rôle principal est de fournir l'information pour prendre des décisions économiques et financières basées sur les analyses et les comparaisons d'évaluations. Les avocats se chargeront des questions juridiques et légales qui concernent l’investissement. Le gestionnaire d’actifs optimise les placements d’un portefeuille confié par son client.
Enfin, les Family Offices assument le rôle de facilitateur entre ces différents acteurs et peuvent également endosser le rôle de planificateur financier, conseiller en impact et gestionnaire de patrimoine.
Un family office à impact, comme Kimpa, vous permet d’aligner vos valeurs avec vos investissements, et de rassembler toute votre famille autour d’un projet commun qui vise à améliorer la société et l’environnement, de la façon qui vous paraît la plus cohérente.
Pour conclure
Ceci est le dernier article de la série Devenir Investisseur à Impact. Nous espérons que ces articles explicatifs vous ont permis de mieux appréhender ce qu’est l’investissement à impact et comment devenir un investisseur qui intègre des critères extra financiers, de la définition de votre thèse d’investissement à la mesure d’impact, en passant par la formation de votre équipe.
Les grandes lignes existent, mais il n’y a pas de chemin prédéfini. Être investisseur à impact, c'est avant tout mettre son capital au service de causes qui vous importent à titre personnel. Que vous y dédiez une partie de votre portefeuille ou son entièreté, il est primordial de garder à l’esprit votre situation patrimoniale, civile et fiscale.
Si cette série vous a plu et que vous souhaitez en savoir plus, n’hésitez pas à nous contacter.