Labels durables : Comment s'y retrouver ?

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Maxence Deheneffe
27/5/21

Si l’impact investing reste un concept vague au sein du marché financier, c’est à cause de sa terminologie et de ses pratiques donnant peu de lisibilité aux critères durables d’un investissement. Pour cette raison, notamment, une série de labels durables ont vu le jour en Europe.

Si l’impact investing (investissement à impact) reste un concept vague au sein du marché financier, c’est à cause de sa terminologie et de ses pratiques donnant peu de lisibilité aux critères durables d’un investissement. Pour cette raison, notamment, une série de labels durables ont vu le jour en Europe.

Source : Novethic (2020). Le panorama des labels durables européens. Novethic. Récupéré le 17 mai 2020.

L'écosystème des labels durables

D’après Novethic, plus de 800 fonds Européens sont labellisés, ce qui permet aux investisseurs intéressés par les placements durables de se repérer. In fine, l’objectif des labels est de garantir l’engagement responsable d’un investissement et/ou d’une société de gestion.

Dans un marché dénudé de cadre et de standards qui permettraient de le démocratiser aux yeux du grand public, les labels ont donc un rôle essentiel à jouer. Potentiellement, ces labels pourraient s’imposer comme le cadre de référence de l’investissement responsable. Face à la croissance de cette philosophie d’investissement, le marché européen des labels a vécu un véritable boom en 15 ans.

Regrettablement, les labels ont en partie manqué à leur devoir, non pas faute d’avoir démocratisé l’accès aux investissements durables, mais faute d’homogénéité dans la démarche qui assurerait leur crédibilité.


Tout d’abord, cette hétérogénéité se traduit au niveau des exigences ESG, avec des seuils variables selon les labels. Alors que la plupart utilisent un système de « pass or fail » grâce à des seuils prédéfinis, certains combinent leurs attentes dans ce domaine avec des exclusions ou un barème à point. Bien que cela soit plus rare, d’autres exigent en plus une actualisation régulière de l’analyse ESG. Un premier exemple est l’exclusion des énergies fossiles, dont les critères diffèrent selon les différents labels.

De fait, certains se concentrent sur l’activité de production alors que d’autres se concentrent sur l’activité d’extraction. Dans cette continuité, certains attribuent leur label à une entreprise du secteur démontrant une démarche de transition énergétique verte, une pratique que d’autres labels refusent. Un second exemple pour illustrer l’hétérogénéité des seuils est le pourcentage minimum d’activités vertes pour qu’un fonds d’actions se voit labellisé. Alors qu’un label considère qu’une entreprise est verte lorsqu’elle tire plus de 50% de son chiffre d’affaire d’éco-activités, d’autres limitent ce seuil à seulement 20%.

La différenciation des labels

Deuxièmement, ces labels diffèrent de par leur transparence dans leur démarche et leur référentiel. Par exemple, plusieurs de ces labels publient un inventaire annuellement, mais ils ne contiennent parfois que quelques pages et peu de détails sur le processus de sélection suivi. À l’inverse, d’autres labels publient chaque trimestre un inventaire et des rapports précis quant aux moyens mobilisés, la politique ESG adoptée, ou même détaillant les caractéristiques ESG des produits pour lesquels le label a été agréé.  


Troisièmement, une concurrence féroce a fait surface dans ce secteur de la labellisation durable, mettant discutablement en question la crédibilité de ces labels. De fait, les labels désirent s’imposer comme cadre référentiel, et se sont ainsi lancés dans une course au plus grand nombre de fonds et d’entreprises labellisés. Comme l’affirme Novethic, cette lutte pour le leadership de la labellisation poursuit l’objectif d’être précurseur en termes de taxation favorable à la finance durable. Pour ce faire, les labels tentent d’une part d’augmenter leur nombre de fonds recensés, et d’autre part, d’augmenter l’encours labellisé.


Malgré ces trois arguments en leur défaveur, il ne faut à l’inverse pas juger ces labels comme inutiles. Bien qu’ils ne soient pas entièrement cohérents pour les praticiens de la finance durable plaidant pour un cadre de référence clair, et surtout commun, ils ont le mérite de donner davantage de visibilité lors des décisions d’investissement.


Au sein de KIMPA, ces labels sont un critère valorisé, mais non exclusif. En d’autres termes, nous reconnaissons le gage responsable dudit fonds, mais si ce fonds n’a pas été labellisé, cela ne signifie pas pour autant qu’il n’est pas responsable. Ces labels restent globalement bien acceptés et adoptés par le secteur financier, et malgré leur hétérogénéité, sont devenus dans une certaine mesure un référentiel. Pour cette raison, la labellisation durable interpelle et force les acteurs financiers à devenir responsable, faute de quoi leur activité en serait affectée négativement. Cette idée peut être illustrée par un exemple que nous donnons à nos clients concernant l’importance de l’aspect durable : « ceux ayant raté le tournant digital qui sont toujours vivants, ne le seront pas s’ils ratent le tournant du durable ».

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