Face au manque de clarté de la signification du terme investissement éthique et face aux doutes quant aux domaines d’action, l’investissement éthique n’en était resté qu’au stade de notion. Dans cet article, regardons ce que pourrait être l'avenir des family office.
Il y a 30 ans, les Family Office découvraient la notion d’investissement éthique, une réponse aux premiers signes de détresse climatique lancés par les scientifiques. Face au manque de clarté de la signification du terme éthique et face aux doutes quant aux domaines d’action, l’investissement éthique n’en était resté qu’au stade de notion.
Délaissé pendant trop longtemps, il a depuis gagné du terrain, au point d’être devenu à l’heure actuelle une véritable source d’espoir dans un monde régi par le pessimisme. Ces investissements, qui génèrent un impact environnemental ou social mesurable tout en offrant un rendement financier compétitif, sont désormais connus sous le nom d’impact investing et font partie intégrante des stratégies d’investissement des family offices aux quatre coins du globe. Sur base du rapport “The Global Family Office Report” (2019) publié par UBS, nous abordons dans cet article la croissance et les challenges de l’impact investing.
DES INVESTISSEURS QUI PASSENT LE CAP
Nul ne peut désormais nier l’importance de l’impact investing au sein des family offices, dont la croissance fut principalement déclenchée grâce aux femmes et aux millenials. En 2019, les family offices recensaient 502 milliards de dollars d’investissements à impact, soit quasiment le double par rapport à l’année précédente.
Selon le rapport publié par UBS, 1/4 des family offices aurait des actifs investis dans le spectre de l’impact investing, bien que ce chiffre reste relativement bas — 14% des actifs gérés en moyenne. Parmi les véhicules d’investissement, les conseillers en gestion de patrimoine semblent favoriser le Private Equity, tant en direct deal que via des fonds de private equity.
En termes de performance, pour la majorité des family office, leurs investissements à impact ont “égalé (61%) ou dépassé (20%) les attentes” comparativement à des investissements traditionnels similaires. Parmi les domaines des investissements réalisés, l’éducation partage la première place avec l’agriculture, à hauteur de 45%. Les autres domaines principaux sont l’énergie et l’efficience des ressources (43%), les soins de santé et le bien-être (38%) ainsi que la conservation environnementale (34%).
À l’inverse, les investisseurs semblent être moins enclins à investir dans l’industrie, que l’on retrouve en bas du classement avec seulement 11%.
"Ce n'est pas une mode passagère: malgré les défis à relever dans ce domaine, l'investissement durable et l'investissement à impact sont maintenant considérés comme des concepts ayant fait leur preuve, et dont nous devons faire usage" rapporte l'étude de UBS.
ET CERTAINS TOUJOURS RÉTICENTS
Cependant, la croissance de l’impact investing au sein des family offices reste ralentie par diverses barrières que certains investisseurs n’osent pas franchir. Un tiers des investisseurs affirme y être réticent pour deux raisons principales. D’une part, ils considèrent que l’historique des investissements à impact est trop court et d’autre part, que le marché connaît un réel manque d’entreprises responsables ayant fait leurs preuves dans ce domaine. Comme 16% d’entre eux l’ont témoigné, le manque d’éducation et de connaissance du sujet est un véritable frein pour investir dans des portefeuilles davantage responsables. Enfin, le mythe de la sous-performance de l’impact investing face à l’investissement traditionnel semble perdurer, un énième obstacle pour un monde plus vert et responsable.
Outre ces réticences exprimées par les investisseurs, l'investissement à impact regorge de challenges pour les gestionnaires d’actifs. Pour ceux-ci, une difficulté récurrente est la mesure de l’impact lui-même, c’est-à-dire la qualification et la quantification de la partie extra-financière de tels investissements. De plus, l’impact investing serait plus exigent du fait qu’il nécessite davantage de due diligence, puisque chaque deal potentiel requiert d’établir l’authenticité de l’approche impact qu’intègre le véhicule d’investissement en question.
UNE PRISE DE CONSCIENCE COLLECTIVE
“Aucune des familles avec qui je travaille n’a actuellement des investissements à impact. Ils s’en occupent généralement au travers de leur partie philanthropique, mais cela est voué à changer avec la prochaine génération et la transition de la richesse” rapporte l’administrateur d’un multi-family office d’Asie Pacifique.
Il est certain que l’impact investing continuera a croître et sera davantage important au fur et à mesure que les années passeront. Il arrivera un moment où ce point sera crucial, tant pour la crise environnementale et sociale que pour la viabilité des entreprises qui pourraient être légalement contraintes d’adopter un comportement responsable au travers de leurs investissements.
In fine, ce seront les millenials et les futures générations qui détiendront la richesse de notre monde. Ces générations, d’ores et déjà portant des valeurs responsables, ne jugent et ne jureront que par des investissements respectueux de notre société et de notre planète. Comme le plaidait Antoine de Saint-Exupéry le siècle dernier, notre tâche n’est pas de prévoir le futur mais de le rendre possible.
Pour accéder au Global Family Office Report 2019 - UBS, cliquez ici.