Le modèle des 9 limites planétaires (planetary boundaries) est publié en 2009, dans les revues Nature et Ecology and Society. Il a été établi par une équipe internationale de 26 chercheurs, menés par Johan Rockström du Stockholm Resilience Centre et Will Steffen de l'Université Nationale Australienne.
Ce modèle identifie 9 seuils que nous ne devons pas franchir si nous souhaitons continuer à nous développer dans des conditions favorables. C’est-à-dire, en évitant les modifications brutales, non-linéaires, difficilement prévisibles, et potentiellement catastrophiques de l’environnement comme le furent en 2021, la tempête de neige Filomena à Madrid ou encore le dôme de chaleur suivi d'incendies en Colombie-Britannique, au Canada. Ce nouveau modèle de mesure de l’empreinte écologique des hommes servira par la suite à caractériser l’anthropocène* ou encore l’économie du Donut**.
Dans cette série d’articles, nous aborderons une à une chaque limite, nous expliquerons ses enjeux et proposerons des solutions à travers l'investissement. La 7ᵉ de ces limites est la concentration des aérosols dans l'atmosphère.
Qu'est-ce que sont les es aérosols ?
En France, il est rare d’entendre parler des aérosols sous une autre forme que les bombes de déodorant ou de peinture. Cependant, pendant la période de Covid-19 le sujet a refait surface, car des études ont été menées sur la contagion à la Covid 19 par le biais des aérosols.
Les aérosols sont des particules, solides ou liquides, en suspension dans l’atmosphère, c'est-à-dire qui présentent une vitesse de chute négligeable. Lorsqu’une personne respire, parle, chante, tousse ou éternue, elle émet des gouttelettes qui se mélangent à l’air ambiant, formant un « aérosol respiratoire ». Elles peuvent aussi être des poussières, de la roche érodée, de la suie, du pollen, etc. Dans la grande majorité, elles sont d’origine naturelle, bien que les activités humaines en émettent une grande quantité. En ville, elles sont souvent connues sous le nom de particules fines et sont responsables de la couche brumeuse atténuant la couleur bleue du ciel.
Les aérosols, la santé et l'environnement
Les aérosols peuvent former différentes substances chimiques. Dans la littérature, on les retrouve généralement sous le terme « PM » pour « particulate matter ». Grâce à leurs rôles différents pour la qualité de l’air et la santé, on distingue 2 groupes : les particules de taille inférieures à 10 µm et celles de taille inférieure à 2,5 µm.
Les aérosols font partie des polluants primaires au même titre que les différents oxydes (de carbone, de soufre, d'azote), les hydrocarbures légers ou les métaux (plomb, mercure...).
En 2015, le centre international de recherche sur le cancer classe les particules fines comme des cancérogènes certains, tout comme l'institut national du cancer qui les considère comme “l’un des principaux facteurs de risque liés à la pollution de l’air en milieu urbain”.
La quasi-totalité des Franciliens est concernée par des niveaux d'exposition au PM2.5 au-delà des recommandations de l'Organisation Mondiale de la Santé. L’exposition chronique contribue à augmenter le risque de contracter des maladies cardiovasculaires et respiratoires, ainsi que des cancers pulmonaires. Les PM2.5 peuvent également impacter à long terme la santé neurologique et la santé périnatale.
D’ailleurs, dans une étude publiée par le programme Erpurs, on montre que lorsque la concentration en particules fines augmente de 10 µg/m3, le nombre de décès par causes respiratoires augmente de 1,1% et celui par causes cardiovasculaires augmente de 0,6%.
Les aérosols et le changement climatique
Comme expliqué dans un précédent article sur le changement climatique, les aérosols ont un effet surprenant sur le climat puisqu'ils le refroidissent. En effet, rappelons le fonctionnement du réchauffement climatique : des rayons solaires pénètrent dans l’atmosphère (spectre du visible et ultraviolet), une partie des UV est absorbée par la couche d’ozone alors que le reste, la lumière visible, est soit directement réfléchie vers l’espace soit absorbée par le sol puis réémis sous forme de rayons infrarouges. Ce sont ces derniers qui sous l’effet des gaz à effet de serre vont demeurer dans l'atmosphère et réchauffer le climat.
Les aérosols ont pour effet de dévier le rayonnement solaire dans toutes les directions et d’en renvoyer une partie vers l'espace. La quantité de lumière visible qui atteint le sol est réduite. Ce phénomène modifie le bilan radiatif de la Terre et contribue à refroidir le climat (-1,3W/m²) à hauteur de quasiment 1 tiers du forçage radiatif supplémentaire induit par les gaz à effet de serre.
Cependant, ils ne sont pas une solution pour lutter contre le changement climatique, d’abord parce que ceux émis par l’homme sont souvent hautement toxiques, mais également parce qu’ils ont une durée de vie très faible comparée aux gaz à effet de serre. Certains aérosols sont dissipés par les pluies par exemple.
Les émissions de particules fines
Les activités humaines émettent une grande quantité de particules fines. L'agriculture, les chantiers et les carrières contribuent principalement aux émissions de grosses particules (PM10) alors que les particules plus fines résultent majoritairement de la combustion et donc des secteurs résidentiels et transport routiers. Enfin le secteur de l’industrie manufacturière mêle souvent combustion et procédés divers et produit des PM10 comme des PM2.5.
Dans le secteur résidentiel, le chauffage au bois est un émetteur très important de particules, d’ailleurs, les émissions totales de PM2.5 sont 2 à 3 fois plus élevées en hiver qu’en été, en raison du chauffage.
L’investissement à impact : une alternative crédible
Des solutions existent pour contribuer à renverser cette limite grâce à l’investissement. Pour limiter les émissions de PM2.5, il s’agit de repenser nos transports routiers et nos moyens de se chauffer. Une solution d’investissement à impact existe avec Noil et Phoenix Mobility qui convertissent des scooters thermiques (resp. des voitures thermiques) en véhicules électriques, grâce au rétrofit. Dans le registre du chauffage des bâtiments, l’entreprise Solaris a pour mission de créer des solutions de chauffage de l’eau grâce à des capteurs solaires plats et faciles à installer. Enfin, l’entreprise Smart Panel utilise le biomimétisme pour créer des façades de bâtiments neufs qui permettent de réguler la température à 24°.
ll est désormais possible d’exiger plus des investissements qu’un rendement ajusté à un niveau de risque. En ce sens, la finance à impact laisse entrevoir de nouvelles perspectives et de nouvelles opportunités afin d'avoir un impact positif sur le monde en contribuant par exemple à renverser cette limite planétaire.
Avec cet article, nous avons abordé le changement climatique, nous avons expliqué son fonctionnement global, sa cause, les activités humaines et ses conséquences imprévisibles et potentiellement dévastatrices. Il fait partie de la série “Les limites planétaires” qui explore les 9 seuils que nous ne devons pas franchir si nous souhaitons continuer à nous développer dans des conditions favorables. La semaine prochaine, nous aborderons l’acidification des océans. Retrouvez les autres articles de cette série ici.
Si vous souhaitez en savoir plus pour contribuer à cette limite planétaire par l'investissement, prenez contact avec l'équipe Kimpa :
* Anthropocène : Une nouvelle époque géologique qui se caractérise par l’avènement des hommes comme principale force de changement sur Terre, surpassant les forces géophysiques.
** Economie du donut : Ce modèle économique combine le concept de limite planétaire avec celui de frontières sociales. Il propose de considérer la performance d'une économie par la mesure dans laquelle les besoins des gens sont satisfaits (plafond social) sans dépasser le plafond écologique de la Terre.
Quelques sources :
- Air parif, ici.
- Environnement Brussels, ici.